Retour sur la saison et suite !
Télécharger MP3Sous-titres générés avec IA (Whisper), editing et proofing par Guglielmo Fernandez Garcia.
Bonjour à toutes, bonjour à tous, vous écoutez AZERTY, l'émission qui s'interroge sur notre
société numérique.
Moi c'est Alex, et comme d'habitude, je suis en compagnie de Guglielmo.
Salut, comment ça va ?
Ça va bien, et toi ?
Ça va super ! Exceptionnellement, aujourd'hui, pour la dernière de la saison, on voulait
vous proposer un format un peu différent de d'habitude.
Voilà 15 émissions qu'en compagnie de nos invités, nous interrogeons le monde numérique
et l'impact que les technologies, plus si nouvelles que ça, ont sur nos vies.
Notre objectif, c'est d'abord de parler aux curieux, derrière chaque émission, on
se pose cette question, pourquoi ce sujet devrait intéresser même si on n'est pas
technophile.
L'émission d'aujourd'hui, c'est l'occasion pour nous de faire le bilan, mais surtout
de prendre du recul sur les différents sujets que nous avons pu traiter.
On souhaitait revenir avec vous sur notre démarche et montrer en quoi les sujets qu'on
a déjà traités, et ceux dont on voudrait continuer de parler, prennent écho dans
nos vies quotidiennes.
Guglielmo, pour commencer, je te propose de faire un peu le point sur ces deux saisons, et je
peux te laisser expliquer un peu notre démarche, qu'est-ce qu'on cherche à faire avec AZERTY.
Le point est qu'aujourd'hui, on peut dire que le numérique en général est vraiment
partout dans nos vies, mais en même temps, on a du mal, je trouve, à se questionner
bien, dans la bonne direction, sur les impacts que le numérique a sur notre société.
Et des fois, ça nous rajoute des nouveaux questionnements, de nouvelles questions qui
se rajoutent à des questions qu'on a déjà dans la vie normale, et des fois, la chose
qui est intéressante, on revient sur des sujets qui changent avec le numérique, mais qui
sont déjà présents dans la société.
Aussi, ce qui est important pour nous, c'est de dire que notre société, aujourd'hui,
elle est un peu régie par la technique, cette technique qui est très structurante, et avec
AZERTY, on cherche à interroger les acteurs de cette technique, ceux qui l'influencent,
qui la remettent en question.
Et les moyens techniques, on pense qu'ils peuvent être critiqués politiquement, interrogés
socialement, et le but, c'est de mesurer leur impact sur notre vie quotidienne.
J'aimerais bien aussi rajouter, comment dire, que du coup, on ne veut pas, moi et
toi, faire une émission qui soit l'émission de tech, ou même techno-positiviste, techno-solutionniste.
Nous, c'est vraiment d'interroger, comme tu disais, les numériques dans notre société,
d'un point de vue politique et social, surtout.
De manière générale, il faut aussi rappeler qu'on n'est pas une émission d'actualité.
Il est fortement probable que des émissions qu'on a faites perdent un peu leur valeur,
si on essaie de faire le plus possible, en sorte que ça n'arrive pas.
Comment, toi, tu considères cette émission en rapport avec l'actualité ?
Pour moi, personnellement, c'est plus que l'actualité nous inspire sur les sujets,
mais on essaie à chaque fois de trouver des angles qui ne sont pas liés seulement à l'actualité.
Un exemple, peut-être, dans une prochaine saison, on pourrait parler de censure sur
les réseaux sociaux.
C'est probable qu'une émission comme celle-là pourrait être inspirée des faits d'aujourd'hui
qu'on vit en ce moment, comme par exemple la coupure du TikTok à Nouvelle-Canadonie
en Kanaki.
Du coup, oui, l'actu nous inspire, mais après, on cherche toujours de trouver des
angles plus larges et plus généraux.
Et des fois, même l'actu nous rattrape, parce que dans la dernière émission qu'on
a faite avec Olivier Sarrouy, pendant l'écriture de cette émission-là, il y a eu un gros
sujet d'actualité sur l'anime.
Je pense même qu'il y a un exemple encore plus frappant.
C'est tous les débats qui s'est enchaîné cette année sur les problèmes des écrans
et des enfants et des ados.
Et l'année d'avant, nous, on avait déjà interviewé Séverine Ehrel, qui est au centre
de ces débats.
Tu as évoqué rapidement ton parcours, moi je te propose d'aller un peu plus en détail
tout au long des émissions.
On a un peu expliqué qui on était sans jamais rentrer dans le détail, pourquoi c'est important
selon nous d'expliquer qui on est, c'est parce que c'est important de savoir d'où
on parle, tout simplement.
Eh bien, très bien, ça m'évoque mon exercice, mais du coup, toi tu disais infocom, vas-y.
Moi, j'ai fait une licence d'information communication.
Ce qui m'intéressait, comme beaucoup de gens qui font cette licence, c'était pas tant
le côté professionnalisant de la communication, c'était que dans cette licence, on interrogeait
beaucoup le monde médiatique et le monde numérique, à travers la sociologie, à travers
la philosophie sociale, à travers même parfois la psychologie, et c'est pour moi une licence
que je trouve très complète en ce sens.
Ensuite, je voulais un peu me professionnaliser, et j'ai fait un master UX design, qui justement,
on l'a vu avec Guillaume Genest, s'intéresse à tout ce qui est ergonomie.
Ce que je voulais voir derrière, mon intérêt premier, c'était comment l'interface structure
notre rapport à la machine.
On parle beaucoup d'interface homme-machine d'ailleurs.
Et sinon, aujourd'hui, j'ai pu développer un peu un intérêt technique.
Et ce qui m'intéresse, vu que je suis développeur web en dehors de Azerty, ce qui m'intéresse,
c'est de savoir comment fonctionne techniquement.
En fait, j'aime un peu cette double casquette d'interroger socialement ce qui se passe,
et en même temps d'être un peu geek, forcément, il faut le dire, et moi, j'ai commencé avant
toi de la radio, et ça fait sept ans aujourd'hui que j'essaie de parler de numérique sur différentes
formes.
Je me suis intéressé aux cultures web.
J'avais une chronique d'actualité, et aujourd'hui, je suis très heureux d'avoir Azerty avec
toi.
Maintenant, à ton tour, je te laisse présenter un petit peu ton parcours.
Alors, moi, la première chose, à chaque fois que je parle de numérique, qui me vient
à l'esprit, c'est que pour moi, mon approche à l'informatique a été toujours très pragmatique,
dans le sens où moi, je ne suis pas informaticien.
Je viens plutôt de sciences dites dures, STEM, de la physique, de la chimie, et ensuite,
j'ai migré vers l'écologie, la géographie, mais du coup, pour moi, c'est vraiment une
approche utilitaire, et c'est pour ça que j'ai un point de vue déjà un peu différent.
J'ai appris toutes mes notions autour du numérique, parce qu'il fallait, pour l'objectif final.
Mais, en parallèle, j'ai toujours cultivé deux passions, et qui, en réfléchissant
pour cet auto-entretien, je me rends compte, ont été très fondamentales, très fondatrices
pour moi, dans mon envie de parler de numérique.
Et ces deux passions sont une passion pour les SHS en général, surtout la sociologie.
Ça, c'est très lié à mon parcours militant, que j'ai amené à un parallèle de mes études,
et une passion pour la SF, la science-fiction.
Et du coup, effectivement, je réfléchissais à ce qui m'a amené dans ma vie à parler
du numérique, et je me rends compte que peut-être des imaginaires SF, comme les cyberpunks,
qui, maintenant, je considère complètement ringards, étaient sûrement une des choses,
quand j'étais petit, qui m'ont intéressé de plus en plus, quand j'étais ado, et après
adulte, à tout ce monde-là.
Il y a un sujet qui te concerne beaucoup aussi, c'est l'intelligence artificielle.
À l'origine, quand on s'est rencontrés, tu avais même un projet, finalement, on a
fusionné nos projets, tu avais même un projet là-dessus.
Oui, complètement, parce que je travaille aussi avec l'intelligence artificielle, c'est
une partie de mon travail, et je me rends compte, d'un point de vue technique et avec
cette passion, disons, SHS, que l'intelligence artificielle va avoir des impacts extrêmement
importants.
Et du coup, à l'époque, je voulais déjà donner la voix, pas autant à des experts
de l'IA d'un point de vue technique, mais je voulais donner la parole vraiment aux gens
qui étudient comment nous, on interagit avec l'IA, et comment l'IA va nous changer.
Et après, j'ai rencontré toi, qui voulais une émission plus générale, et moi j'ai
dit, bah oui, très bien, de toute façon, c'est tous les numériques qui m'intéressent
au final.
AZERTY, c'est une émission qui traite les sujets numériques, mais c'est pas une émission
de geek.
Non.
Mais du coup, les problèmes, en disant, comme toute émission qui est en ligne éditoriale,
c'est, quel est le public qu'on veut cibler, et comment on veut le cibler ?
Pour moi, c'est une émission pour les curieux.
Alors, au début, dans mon script, j'avais mis même techno-curieux, c'est-à-dire des
personnes qui peuvent s'intéresser sans aller dans le détail des choses.
Je pense que nos émissions sont avant tout des introductions au sujet, et on laissera
nos auditeurs aller beaucoup plus loin si le sujet a su les piquer au vif, je dirais.
Pour moi, du fait qu'on est plus une introduction par le format, par les invités qu'on a aussi
qui sont plutôt très pédagogues, on est plutôt une émission pour les curieux, slash
techno-curieux, les gens qui veulent savoir un petit peu, qui veulent tendre une oreille
vers ce sujet.
Oui, moi, je rajoute que pour moi, notre objectif, ça serait de parler même aux gens
qui ne sont pas techno-curieux.
À chaque fois que j'ai des retours, que ce soit de messages sur Instagram ou IRL, de
gens qui me disent « j'avais jamais pensé que cet aspect numérique me touchait, j'avais
jamais pensé à quel point ça peut devenir intéressant, à quel point c'est politique
», là, pour moi, c'est gagné.
Pour moi, notre objectif, c'est ça.
Or, le problème est, est-ce qu'on arrive à cibler ces publics ? N'hésitez pas, ça
aussi, à nous envoyer des messages en nous disant « effectivement, moi, je ne suis pas
expert numérique, avant, ça ne m'intéressait pas, et là, je me dis qu'en vous écoutant,
il y a des sujets intéressants », on est preneur.
Mais par contre, on peut déjà évaluer une chose, ça fait deux ans qu'on fait cette
émission, on commence à pouvoir faire des stats, si notre but est de toucher des techno-curieux
et de toucher aussi des gens qui ne s'intéressent pas trop aux numériques, peut-être, on peut
déjà regarder, au bout de deux ans, quelles sont les émissions les plus écoutées, pour
voir si, effectivement, nos sujets les plus écoutés sont des sujets assez généralistes
qui touchent aussi des gens au-delà de la cercle de technophiles, disons.
Et bien, l'un de nos sujets les plus écoutés, c'est celui sur les écrans, avec Séverine
Pour rappel, dans ces épisodes, on interview Séverine Ehrel, qui est chercheuse et psychologue
à l'université Rennes 2, et elle est spécialiste des dispositifs numériques et de leur impact
sur nous.
Et ce qui est intéressant avec cette chercheuse, c'est qu'elle a un point de vue qui est
assez différent du discours dominant, et je pense que c'est peut-être pour ça que
cet épisode a été écouté.
Je me demande même si des personnes ne sont pas tombées dessus pour confirmer un discours
et n'ont pas été confrontées à un contre-discours, finalement.
Je ne sais pas.
On a été aussi malins parce que l'émission a un nom genre « est-ce qu'il y a une dépendance
des écrans ? ». Et du coup, bien évidemment, il y a, comme tu disais, la doxa qui dit oui,
et Séverine nous montre plutôt qu'il y a des phénomènes, des paniques morales, plus
que des vraies dépendances psychologiques, on a abordé là les côtés psychologiques
des écrans, et que du coup, c'est un peu compliqué.
Et la chose que j'ai trouvé marrante pendant l'entretien, c'est qu'elle revient à
dire que le centre de cette panique morale, c'est les jeux vidéo, c'est la panique
de ces machins qu'on ne comprenait pas quand ils sont arrivés, ma génération ne comprenait,
mais pas tout le monde comprenait, et du coup, on a commencé à dire « oh mon dieu, on
va perturber nos gamins ».
Un autre épisode très écouté aussi, c'est celui sur Wikipédia.
En fait, Wikipédia, c'est une institution, quoi.
Je pense que de lui-même, c'est quelque chose qui a attiré, c'est quelque chose
qui a même fait réagir sur YouTube, où on a eu quelques commentaires qui mettaient
« ah oui, Wikipédia est neutre », ce qui est assez drôle quand même, parce que notre
invité, je trouve qu'il a vraiment su vulgariser le sujet, qu'il était très bon sur expliquer
la neutralité de Wikipédia, et ça c'était quelque chose qu'on cherchait aussi à avoir
interrogé le côté éditorial d'une des plateformes les plus consultées au monde,
finalement.
Et la chose que Jacky fait aussi dans cette émission, c'est le fait qu'on dévoilait
les coulisses de quelque chose qui touche les quotidiens des gens.
Tous les jours, tous les gens, ne montez pas vous-même, vous regardez d'abord les infos
sur Wikipédia.
Et du coup, bien évidemment, ça intéresse tout le monde.
Et puis, c'est aussi l'occasion de voir que, finalement, la conflictualité au sein
du monde numérique, elle est partout, même dans les endroits où on l'attend le moins.
On en a parlé, des batailles politiques qui se font sur des articles de Wikipédia,
c'est quelque chose d'assez intéressant.
Aussi, sur Wikipédia, j'ai noté que c'est peut-être l'une des plus positives, puisqu'on
peut voir que quelque chose peut sortir du commun, et que quelque chose d'intéressant
je veux dire.
Wikipédia, on l'a dit, c'est une des plateformes les plus consultées au monde, et c'est même
pas un gafame, c'est construit sur le commun.
Oui, mais par contre, le côté du positif, je pense, ça nous fait du bien, nous, écoutants,
parce que peut-être on peut dévoiler la troisième place, et on verra que la troisième
place est un peu moins positive, comme temps.
Et oui, la troisième place, c'est La Quadrature du Net.
Donc, c'est notre épisode avec La Quadrature du Net.
Je n'arrive pas trop à mesurer à quel point l'impact du nom a joué sur cet épisode.
En tout cas, c'est un épisode qui nous tenait à cœur parce qu'on suit leur taf depuis
des années.
Cette association, ça fait partie des associations qui font vraiment les types de travail qu'on
me disait tout à l'heure par rapport à dans quelle direction, nous, on veut aborder
le numérique.
Eux, ils sont exactement dans la même direction.
Du coup, pour nous, c'était assez naturel.
C'était une émission beaucoup plus négative.
J'aime bien le fait que sur ces trois émissions qui ne sont pas dans l'ordre, parce que tout
à l'heure, j'ai dit troisième place, mais c'est pas la troisième place, forcément,
ça, on ne va pas le dire, mais que dans ces trois émissions, il y en a une qui parle
de notre approche au numérique, une qui parle de panique morale d'un point de vue
très individualiste, une qui parle de Wikipédia, d'un phénomène de masse et une autre qui
parle de système.
Parce que pour moi, avec La Quadrature du Net, on a abordé ça, les grands systèmes,
comment ça marche, la dérive du système techno-capitaliste dans sa globalité.
Une grande question, finalement, qu'on a aussi traité par certains sujets, dont celui
avec Séverine Harel, c'est, sommes-nous passifs dans nos usages numériques ? Est-ce
qu'on est finalement presque par l'omniprésence des gars-femmes, de superstructures qui nous
dépassent ? J'ai l'impression que des émissions comme Wikipédia, des émissions
comme La Quadrature du Net, et il y en aura d'autres comme ça, permettent de
montrer qu'il est possible de faire autrement, mais ça a l'air quand même assez difficile,
nous a montré Guillaume Genest.
Oui, complètement, on avait démarré comme ça, la saison d'Azerty de l'année dernière,
sur comment on pense une interface, et on a bien vu avec Guillaume le fait qu'il y
a ce qu'on appelle des dark patterns qui nous manipulent quelque part.
Et du coup, je ne sais pas si on peut nous définir passifs, dans tous les cas, les numériques
sont devenus un terrain un peu piégé, dans lequel il y a des pièges à droite à gauche,
et du coup, qu'on risque de tomber dans des paniques morales, comme on a déjà dit.
Et toujours dans cette volonté de reprendre, je dirais en quelque sorte, le contrôle
sur nos usages, on voit qu'il y a des préoccupations quand même qui émergent liées à ces questions,
à ces questions de passivité, de comment on est plus passif, comment on peut faire
du numérique autrement, et ça c'est aussi des choses qu'on a abordées, donc avec
La Quadrature du Net, mais aussi tout dernièrement avec Olivier Sarrouy et avec
Régis Leguennec.
Comment est-ce qu'on peut pour une saison suivante, ou par nos émissions actuelles,
comment on peut continuer un petit peu ce discours ? Qu'est-ce que pour toi t'attend
des prochaines émissions sur la réappropriation, je dirais, d'un numérique différent ?
Peut-être il y a la notion de retoucher vraiment au quotidien des gens, aux affects, vraiment
arriver à expliquer des choses concrètes, parce que la chose que j'ai remarque même
autour de moi, dans ma vie quotidienne, c'est que les gens sont intéressés les
moments où tout leur explique, et les moments où l'enjeu est clair, et l'enjeu est
évident.
Je pense à un épisode de Last Week Tonight with John Oliver, c'est une émission américaine,
dans laquelle à l'époque des scandales de Snowden, il avait expliqué l'importance
de protéger ses données en utilisant des dick pics.
Il demandait aux gens, est-ce que toi tu veux que la CIA regarde ta dick pic ?
Bien évidemment que les gens disaient, ah oui, non, merde, mais non, je vais protéger
mes données.
Du coup, je ne sais pas, ça pourrait être une entrée.
De l'autre côté, peut-être qu'il faut demander aussi, il faut avoir des retours
des auditeurs et des auditrices ? Je ne sais pas, toi t'en penses quoi ?
Moi, je pense qu'il y a une grande difficulté, ça fait longtemps que, comme je te dis, que
je parle de sujets numériques, et je trouve qu'il y a une énorme difficulté à prendre
conscience de ces sujets-là, comme si beaucoup de personnes savaient finalement que nos données
sont captées, analysées, et j'ai l'impression qu'il pourrait être intéressant d'interroger
ce renoncement de beaucoup de personnes.
Je pense que tu as des amis non technophiles, comme moi, qui sont en mode, tu sais, tu leur
dis, tu dois peut-être sécuriser ça comme ça, tu leur donnes un petit tips qui ne changera
pas leur usage quotidien, mais eux vont être, de toute façon, bon, c'est mort, quoi.
C'est vrai qu'interroger ou aller étudier pourquoi les gens ne vont pas plus loin dans
leurs démarches, ça pourrait être une piste assez intéressante.
Il y a un sujet qui n'était pas présent dans la première saison, mais qui a monté
beaucoup dans la saison 2, et je pense que c'est un sujet qui domine un peu les discours
sur la tech en ce moment, qui est l'intelligence artificielle.
Alors, c'était partout à VivaTech, c'est le plus grand salon tech, on va dire tech,
vraiment, c'est le plus grand salon tech européen.
Je pense que, comme tout le monde, vous avez entendu parler de chat GPT, là, l'IA, elle
est à toutes les sauces, elle est chez Google, bientôt chez Apple, bref, on n'en peut plus,
c'est assez étouffant d'ailleurs quand on s'intéresse à ces sujets-là, on a l'impression
que, enfin, je ne sais pas, peut-être que cette émission aura mal vieilli, mais j'ai
l'impression que c'est une grosse bulle où on ne sait pas encore ce que ça va faire,
ou alors on essaie de trouver des usages à ce truc-là.
Il y a des usages intéressants, on les a questionnés, il y a celui, par exemple, avec
Aurélie Lemaitre, comment l'IA pouvait nous aider à préserver le patrimoine, ça, c'était
des choses intéressantes, il y a des choses qu'on posait question, notamment sur le sens,
on l'a dit avec Thomas Corpetti sur l'observation satellite, qui, lui, utilise l'IA à la fois
pour générer des images qu'il peut analyser et aussi pour traiter un flux d'images énormes.
Maintenant, on l'a bien vu, dans toutes nos émissions, c'est quelque chose qui interroge
tous nos invités qui sont concernés avec le numérique, c'est quelque chose qu'a beaucoup
interrogé Benjamin Le Marron, qui, lui, première émission, il nous dit « l'IA, ça me fait
flipper ».
Oui, c'est vrai, c'est vrai.
Moi, je pense que ce côté de la bulle un peu économique, pour moi, c'est surtout une
bulle économique, mais pas pour la technologie en soi.
Ça, c'est ma pensée personnelle, je pense que l'IA va changer beaucoup de choses dans
notre société.
Par contre, le hype qu'il y a autour, les discours d'effets dominants, ça, c'est très
problématique et là, ça peut être une bulle.
Il faut rappeler qu'à l'état actuel, peut-être ça aussi, ça va vieillir, mais OpenAI n'a
pas un modèle économique viable encore.
Oui, c'est vrai, c'est vrai, mais on en a vu plein, des modèles pas économiques viables
et qui ont continué.
Après, est-ce que l'IA va vraiment changer profondément notre société ? Moi, je pense
oui, mais sur des choses un peu différentes.
Et du coup, ça me pose les problèmes, moi, personnellement, de comment créer une narration
différente, comment en parler d'une façon différente et essayer de montrer les aspects
qui peuvent être réels et les diviser quelque part de la hype à la Silicon Valley dans
lesquelles ils sont là à promettre de changer le monde.
Parce qu'on revient là à la promesse, eux, tout cet hype là, c'est parce qu'ils promettent
d'une presse qui est libérée de travail, quoi.
Et on voit bien que sur nos invités, même ceux à qui on s'attendait le moins, c'est
des questions qui se sont posées, notamment en fin d'émission.
Je pense à Nicolas Vigneron, qui nous disait peut-être le futur de Wikipédia, ça peut
être éventuellement un WikiGPT, qu'ils auraient tout intérêt à faire, vu qu'ils se font
déjà pomper Wikipédia par OpenAI.
Donc voilà, beaucoup de questions qui vont continuer autour de l'IA.
Forcément, on fera pas mille émissions sur ce sujet là, mais je pense qu'en saison
3 comme en saison 4, je sais pas combien on en fera, mais je pense que l'IA nous a bien
montré que c'est quelque chose qui va saupoudrer un petit peu toutes nos émissions, qu'on
le veuille ou non.
Mais on n'en fera jamais, enfin, sauf émissions, quoi, on sera pas une émission d'intelligence
artificielle.
Non, ça non.
Bien au contraire, on voudra dédier de l'espace à ça, mais pas mendre au sujet sur ça aussi
parce que dans le numérique, il y a aussi de la vie au-delà de l'IA.
Et d'ailleurs, Gou, il y a un sujet dont on n'a pas parlé depuis le début de l'émission,
pourtant il est assez intéressant, c'est le jeu vidéo.
Donc, dans notre ligne éditoriale, on dit qu'on veut pas cibler des niches, on veut
pas forcément cibler les fans de numérique.
Et donc, on voulait aussi parler de jeu vidéo, puisque le jeu vidéo, finalement, c'est une
pratique culturelle qui découle de ces nouvelles technologies, pas si nouvelles que ça.
Oui, et pour moi, l'industrie du jeu vidéo, disons, j'ai plus un intérêt presque sociologique
ou anthropologique envers le jeu vidéo.
J'avoue, j'y ai joué beaucoup quand j'étais ado, mais beaucoup.
Là, j'y joue plus du tout parce que j'ai pas trop le temps.
Mais la chose qui m'intéresse toujours, c'est ce qu'il y a autour du jeu vidéo.
On l'a vu beaucoup avec François De la Taste et Wild Wits Game, le fait que c'est une industrie
tellement grande et tellement variée que ça nous permet d'interroger, par exemple,
les moyens de production des produits numériques.
Et ça, je le trouve super intéressant.
Et aussi les effets qu'ils ont sur nous et, en général, comment on crée cet imaginaire.
Parce que, comment dire, même si ça peut sembler des choses des geeks, mais en vrai,
la majorité des gens d'entre nous jouent à des jeux vidéo.
Exactement.
Et on a aussi essayé de montrer la richesse culturelle que c'était avec notre émission
spéciale sur le Stunfest.
Et c'était assez intéressant, cette émission qui était une visite sonore du festival rennais
du Stunfest.
Et c'était vraiment de voir qu'il y ait des pratiques aussi spéciales, bizarres,
intéressantes que des bidouilleurs qui essayent de faire des manettes en carton ou alors le
speedrun.
Même ça, c'est super intéressant.
Toute cette richesse culturelle, c'est quelque chose qu'on aime et qu'on veut continuer
d'interroger.
Il y a plein encore de sujets qui touchent le jeu vidéo.
Ici, on n'en parlera pas d'un point de vue industriel, évidemment, vous l'aurez compris.
Souvent, on dit que le jeu vidéo, c'est l'industrie qui est même devant le cinéma.
Non, nous, ce qu'on veut vraiment questionner, comme tu l'as dit, c'est tout ce qui est social
autour du jeu vidéo.
Par exemple, on a des idées autour de la diversité, par exemple.
Bref, on ne va pas vous spoiler la saison 2 et ce qu'on arrivera à faire, mais c'est
des sujets dont on veut parler.
Saison 3.
Saison 3.
Et là, par exemple, sur le moment, je me dis que des fois, ce n'est pas clair que l'industrie
du jeu vidéo, c'est intéressant aussi parce que, comme beaucoup d'autres industries, on
a l'artisan, on l'a vu au Stampfest, comme tu disais, qui fait les choses dans son coin,
tout seul.
Il vient présenter, il est trop content, jusqu'à l'IKEA, quoi.
Exactement.
Oui, c'est exactement ça.
Et quand on discute avec François De la Taste, il nous parle comme ça des Call of Duty.
Je ne me souviens plus exactement de la phrase, mais il parle de Call of Duty dans la même
phrase.
Il parle de Stardew Valley qui a été fait par un gars tout seul.
Donc, c'est quelque chose de très intéressant.
Et dans ce qui relie aussi la culture numérique, notre première émission, elle était sur
l'art et le numérique, ce qui est très particulier finalement parce que ce n'est pas la première
chose à laquelle on pense quand on évoque le numérique.
Honnêtement, je pense que les liens entre la création artistique et le numérique, ça
date, je pense que c'est une des premières choses qu'on a fait, je pense.
Parce qu'on a retrouvé même, là j'y pense, ça me débloque les souvenirs de t'écouter,
que même Andy Warhol, à la fin de sa vie, dans les années 70-80, il jouait déjà avec
le numérique comme nouvelle forme d'art.
Mais l'évolution technique a toujours été une nouvelle façon de créer, quelle perspective
avec ce nouvel objet, quelle perspective artistique, on peut en découler, je pense.
Dans un autre, si on va beaucoup plus loin, l'arrivée de la guitare électrique, l'arrivée
du synthétiseur, toutes ces choses-là, qu'on pourrait questionner demain, toutes
ces choses-là montrent à quel point la technique devient, pour les personnes qui
veulent créer, une nouvelle cour de récréation.
Et dans ce sens, pour lier avec les jeux vidéo, il y a une ligne qui unit les deux, parce
que des fois, on voit des choses dans les jeux vidéo qui sont clairement des démarches
artistiques.
Du coup, des fois, on pourrait, une partie du monde des jeux vidéo, on pourrait presque
le recadrer comme une forme presque d'expression artistique interactive.
Une dernière chose que je voudrais rajouter sur la question de l'art pour moi, il y a
aussi les faits qu'on a explorés, mais qu'on pourrait aller plus loin, parce que
les moments où on y numérique et art, il y a aussi une autre question qui s'impose,
la question de la médiation.
Exactement, on avait reçu Electronica pour en parler, qui était à la base du festival
Maintenant, et c'est là qu'on a rencontré Benjamin Le Baron, et interroger à quel point
la culture et le numérique peuvent être espaces de médiation, c'est quelque chose
qu'on peut demain aussi continuer à faire, et je dirais même plus comment le numérique
peut être outil, acteur en tout cas, du partage, de la médiation, et finalement on
peut lier divers sujets par la médiation.
Alors, Golielmo, ça fait un moment qu'on parle, et je te propose de passer un petit
peu aux pistes.
Qu'est-ce que demain, on en a vite fait parler un petit peu, qu'est-ce que demain on veut
voir dans AZERTY ? Nos émissions, demain, elles vont parler de quoi ?
Ok, je vais un peu un vrac, la première chose qui me vient, c'est une chose qu'on me demande
souvent aux gens, mais on n'a jamais creusé trop haut, c'est le côté de la matérialité
du numérique, c'est-à-dire que quand on pense au numérique, on pense à quelque chose
qui est virtuel, qui n'existe pas, ah bah ça l'est pas, on l'a bien vu avec les fablabs
déjà, et au fur et à mesure, on l'a vu avec les satellites, on l'a vu avec le VRChat,
avec Chatman, les côtés du casque de se mettre des capteurs sur soi, donc on va peut-être
inquiéter un peu plus la matérialité du numérique.
Allez, fais un peu table de ping-pong, vas-y, pour toi.
Alors moi, le côté émotion, qu'est-ce que la tech, elle nous fait finalement ? Parce
qu'il y a fort à varier que si nos vies, elles tournent autour d'objets technologiques,
ces objets technologiques, ils nous font quelque chose.
Quand il y a des couples qui se forment sur des applications, c'est forcément qu'il
y a quelque chose d'intéressant à dire.
J'aimerais bien aussi l'inquiéter, l'historique, et l'historique des certaines questions,
on l'a vu avec Olivier Saroui dans la dernière émission, que les questions posées sur
l'anonymat du numérique, en vrai, ça rappelle des choses qui n'ont rien à voir avec le
numérique.
Et du coup, inquiéter un peu d'où ça vient, tous ces questionnements, l'historique
d'Internet, quoi.
Oui, mais oui, mais tu vois, même le fait finalement que Internet, c'est à la base
un truc fait par des militaires qui a été récupéré par des hippies, qu'est-ce qu'il
en découle aujourd'hui ? Quel impact ça a aujourd'hui ?
Le web qui a été fait au CERN et qui finalement a été ouvert au public, ça aussi, ça veut
dire quelque chose et c'est des choses que, en tout cas, on a le souhait de vouloir le
traiter.
Moi, j'aimerais bien parler aussi du digital labor.
Donc là, j'ai dit un gros mot qu'on va tout faire pour l'expliciter à la saison
prochaine.
Le digital labor, c'est… je vais te laisser en parler, tiens.
C'est tout le travail numérique, littéralement, c'est les problèmes.
Les problèmes du digital labor, c'est quelque chose qui est très vaste et il faudra réfléchir
parce que, au final, dans le monde digital labor, il y a plein de choses qui rentrent.
La notation des données, la modération des réseaux sociaux.
Aujourd'hui, on a une quantité de travail numérique que des fois, on fait nous-mêmes
et on ne se rend même pas compte et du coup, il y a des liens entre le numérique et la
notion de travail.
Il y a aussi les travailleurs précaires sur les plateformes.
Complètement.
Et on a toutes ces dimensions-là qui n'ont pas encore été explorées dans Zerti et
peut-être qu'on va le faire, on verra.
Est-ce que ça te dit de terminer par des recommandations ?
Ok, vas-y.
Alors, moi, je vais recommander un podcast.
Je pense que tu sais déjà de quoi je veux parler.
Il y a un podcast qui nous a inspirés, en vrai, on ne va pas se mentir, sur notre travail.
C'est un podcast qu'on vous recommande chaudement d'aller écouter.
C'est un podcast de France Inter.
Je veux bien sûr parler du Code à changer par Xavier Delaporte qui est un peu, je dirais,
la step au-dessus.
Si vous avez bien aimé AZERTY, vous êtes rentré dedans, je pense que le Code à changer,
vous pouvez y aller direct parce que c'est forcément un peu plus geek, ça va un peu
plus loin, c'est un peu plus long aussi.
Dans le format, si vous aimez bien AZERTY, ça va vous parler.
Donc moi, c'est la reco que je ferais, c'est le Code à changer par Xavier Delaporte.
Je ne suis pas sûr que ce soit plus geek, je pense que c'est plus philo, plus théorique.
Oui, peut-être.
C'est plus ça les points, plus ce qui est geek.
Moi, je vais avoir une recommandation geek, je vais rester à la maison.
J'ai envie de rester à la maison parce qu'on parle de jeux vidéo, on a parlé de toutes
ces choses-là, très sérieuses, très importantes, très profondes, très politiques, mais les
numériques aussi, des fois, ça pète fan et j'aimerais bien conseiller une autre
émission de cette radio dans laquelle on est hébergé, c'est la Madeleine à pixels.
Parce que de plus en plus, quand je travaille, j'aimais juste de la musique de jeux vidéo,
souvent un Lofi, souvent de la musique plutôt calme.
Et effectivement, la Madeleine à pixels fait un travail sur le jeu vidéo et la musique
qui est assez intéressant.
Eh bien, super, on vous invite à écouter ces deux choses-là.
On ne s'est pas concerté avant, on ne savait pas de quoi on allait parler, mais voilà,
c'est déjà la fin de cette émission un peu particulière dans laquelle on a pris
plaisir à discuter avec vous plus directement que d'habitude.
De notre côté, on est très heureux de cette saison d'Azerty et on ne le dira jamais
assez.
Un grand merci à tous nos invités, toutes les personnes qui ont accepté de venir discuter
avec nous de leur expertise et de leur expérience du monde numérique.
Enfin, un grand merci à vous qui nous écoutez.
On a reçu des retours de personnes qui nous ont découvert à la radio, à Podrennes et ailleurs.
Ça fait toujours plaisir, alors vraiment, merci.
Une dernière fois quand même, si vous appréciez Azerty, on vous invite à nous mettre des
étoiles, un commentaire et si ce n'est pas le cas, à vous abonner aux podcasts
et aux réseaux sociaux de l'émission qui sont dans la description de l'épisode.
Nous, on vous laisse, on va prendre une petite pause estivale pour revenir plus fort que
jamais et on vous dit à bientôt pour de nouvelles aventures en podcast et sur la toile.
Sous-titres générés avec IA (Whisper), editing et proofing par Guglielmo Fernandez Garcia.
Créateurs et invités

